Erté (1892-1990) : l’Icône de l’Art Déco

Romain de Tirtoff dit Erté, un artiste franco-russe, est considéré comme le symbole de l’art déco. Né à St-Pétersbourg, le 23 novembre 1892, d’une famille d’aristocrate, dont le père était amiral à l’école navale impériale.

Il s’affranchit des attentes de sa famille et s’installe à Paris en février 1910, à l’âge de 19 ans. Il poursuit ses ambitions d’artiste et fait de la France sa maison par la suite. L’influence française sur St-Pétersbourg était profonde, et Paris était hypnotisé par tout ce qui était Russe à cette époque. C’est à Paris que Erté assiste à la fameuse représentation de L’Après-Midi d’un Faune avec le danseur star, Nijinksy, et la composition du Sacre de Printemps de Stravinsky en 1913.

C’est aussi la période que Picasso et Braque avaient lancé l’art cubiste. L’orphisme, le futurisme, le surréalisme et le dadaïsme commençaient également à naître. Plongé dans ce milieu créatif mais chaotique, Erté connaît sa percée en 1913 grâce à sa brève collaboration avec le couturier parisien Paul Poiret, qui le rebaptise ‘Erté’ (la prononciation française de ses initiales) ...

 

 

Dans les années 1920, le théâtre prend la place centrale dans l’art du jeune Erté. Son style emblématique est réclamé par le monde du théâtre français. Il conçoit les costumes et les décors de productions prestigieuses telles que les Folies-Bergère, les Ziegfeld Follies et le Bal Tabarin. Erté incarne le goût et l’esthétique de l’époque, avec des influences provenant de sources diverses telles que l’iconographie Russe, les mosaïques byzantine, la poterie Grecque, l’art Indien et Égyptien. Son art a créé un lien entre l’art et de la culture.

Mais un de ses projets qui lui tient plus à cœur était le Bal Tabarin. Tout au long de sa vie professionnelle, Erté parle avec beaucoup d’émotions de ses projets pour le Bal Tabarin et évoque souvent la collaboration fructueuse et ses relations chaleureuses avec l’un de ses propriétaires, Pierre Sandrini, « Dès le premier instant, nous nous sommes aimés. Ma collaboration avec Sandrini a duré quinze ans et m’a laissé mes meilleurs souvenirs du musichall ». Comprenant plus de 161 œuvres d’art, cette collection est présentée en exclusivité pour le Bal Tabarin. La collaboration entre le créateur et le producteur a donné lieu à certaines des œuvres les plus respectées d’Erté.

 

« Mieux qu’une enseigne : une légende »,  Jacques Crépineau, critique et historien du spectacle décrivant le Bal Tabarin

 

 

Acquis et lancé en 1929 par Pierre Dubout et Pierre Sandrini, fils de la danseuse étoile de l’Opéra Mlle Sandrini et du ténor Pedro Gailhard. Pierre Sandrini venait du Moulin Rouge où il avait organisé un nouveau french cancan. Il engage Marcel Bergé, venant des Ballets Russes, comme co-auteur des revues, chorégraphe et metteur en scène. André Warnod asserte dans Le Figaro que, « Ce nouveau spectacle est une réussite complète… C’est un chef-d’œuvre de mise en scène. » Une triomphe totale.

Les esquisses d’Erté s’articulaient autour de thèmes divers, composées de deux parties. Les sujets se varient entre tableaux de fleurs, de fourrures, de bijoux, de plumes, ou d’allusions à des personnages historiques tels que Catherine de Russie, Cléopâtre ou Madame de Pompadour. L’un des sujets d’Erté était ‘la musique’. Il a décrit ce ballet comme une danse démontrant « l’harmonie», «la hauteur parfaite» mais aussi «la dissonance» et «la syncope», illustrant ainsi la diversité du style iconique de l’artiste. Erté disait que le ballet, ‘La Poème’ et ‘Métal’ a apporté un certain succès au Bal, «pour le ballet intitulé ‘Métal’, j’ai fabriqué tous les costumes en aluminium. C’était plus de trente ans avant le travail de Paco Rabanne » - un visionnaire dans le monde de la mode.

 

 

« Pour le ballet intitulé ‘Métal’, j’ai fabriqué tous les costumes en aluminium. C’était plus de trente ans avant le travail de Paco Rabanne »

 

Dans les années 1960, avec le renouveau de l’art déco, la carrière d’Erté connaît un regain d’intérêt et en réponse, il crée une série de lithographies, de sérigraphies et devient pionnier dans la sculpture sur tôle métallique avec de la peinture à l’huile, en les appelant ‘formes picturales’. En 1970, Erté expose 170 œuvres à New York et la collection est entièrement achetée par le Metropolitan Museum of Art. Comme le note l’artiste, « C’était, je crois, sans précédent qu’un musée achète une exposition entière d’un artiste vivant. C’était certainement une première pour le Met »

Ses œuvres sont à présent conservées par plusieurs institutions importantes, dont le Victoria and Albert Museum à Londres, Le Metropolitain Museum of Art à New York, le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et au Musée 1999 à Tokyo. Essentiellement, ses créations de costumes et de pièces de théâtre à Tabarin lui ont apporté beaucoup de succès et des offres de collaborations pour d’autres projets, ouvrant les portes à une longue carrière jusqu’à sa mort le 21 avril 1990.