Artiste peintre algérien, Ali Khodja s’inscrit dans la lignée d’une génération fondatrice, tout en affirmant une voie singulière. Neveu des frères Racim, figures majeures du renouveau des arts traditionnels en Algérie, il fut profondément marqué par leur parcours : Omar, maître de l’enluminure et de la calligraphie, et Mohamed, miniaturiste ouvert aux influences modernes, tous deux passés par Montparnasse. S’ils n’ont pas influencé directement son langage pictural, ils ont nourri sa réflexion et son exigence, éveillant en lui une conscience aiguë du rôle de l’artiste dans la société.
Tout au long de sa vie, Ali Khodja a poursuivi sa quête dans la solitude de son atelier d’El Biar, où il travaillait sans relâche, vêtu de sa combinaison de labeur. Solitaire, exigeant, il transformait la matière brute en œuvres sensibles, à la recherche d’une émotion juste, d’un équilibre fragile entre lumière, forme et pensée. Loin des conventions, son univers foisonnant évoquait un désordre habité, reflet d’un processus créatif authentique.
À 83 ans, il peignait encore, avec la même vitalité. Reconnu par un cercle restreint mais fidèle, notamment à Paris, il refusait les feux de la rampe et préférait laisser parler ses œuvres. Pour lui, l’art relevait d’une humanité profonde, héritée de l’impressionnisme, des traditions orientales, de l’ornement et de la nature.
Ali Khodja s’est éteint le 7 février 2010 à El Biar, laissant une œuvre riche, discrète et profondément habitée, à l’image de sa personnalité.