D'origine juive russe par son père et française par sa mère, Edy Legrand fait ses études à Genève avant de rejoindre l'École des Beaux-Arts de Paris, où il prend le nom d'Edy Legrand. Il débute sa carrière comme illustrateur, avant de se consacrer à des projets de décorations murales pour des grands magasins parisiens et pour les paquebots français de l'époque. Un premier voyage en Algérie en 1923 déclenche sa vocation de peintre orientaliste. Il expose aux Salon d'Automne et aux Indépendants, où son originalité est rapidement remarquée. Sa renommée internationale débute en 1928 lorsque Marie Steiner, séduite par son travail, lui offre une exposition dans sa galerie à New York. Par la suite, ses œuvres sont promues par le galeriste Félix Vercel et connaissent un succès important en Amérique du Nord, tant dans les musées que chez les collectionneurs. En 1932, Edy-Legrand participe à la première exposition mondiale d'œuvres gravées de l'Art Institute of Chicago, où il représente la France. Dans cette exposition se trouvent également des œuvres de Picasso, Matisse et Derain, mais Edy-Legrand est le seul à recevoir une mention honorable. C'est en 1933 qu’il découvre le pouvoir pictural du soleil du Maghreb lors d'un séjour au Maroc, invité par son ami Jacques Majorelle. Son style évolue alors vers des compositions plus colorées et exubérantes, passant d'une approche basée sur des volumes bien définis à une profusion de matières et de textures. Ses voyages au Maroc et en Tunisie enrichissent son travail, les couleurs devenant de plus en plus vives et contrastées. À la fin de sa vie, contraint d'abandonner la peinture en Afrique du Nord, il installe son atelier dans le Luberon, dans une carrière de pierre, où la lumière lui rappelle celle qui avait inspiré son travail depuis les années trente. Il s’attache alors à rendre les volumes de pierres des carrières dans une touche cubiste. Il conserve sa palette lumineuse et colorée qui avait séduit les amateurs du Maroc dans ses compositions abstraites.