Faik Hassan, également connu sous les noms de Faeq, Fayiq ou Faiq Hassan, est considéré comme l’un des pères de l’art moderne irakien. Né à Bagdad dans une famille modeste, orphelin de père avant même sa naissance, il est élevé par sa mère, qui confectionnait des figurines folkloriques. Très jeune, il manifeste un talent artistique remarquable, notamment dans la sculpture de personnages de la vie rurale et de chevaux. Son professeur d’art, Muhammad Khidir, joue un rôle décisif dans sa formation initiale.
Grâce à l’intervention du roi Fayçal II, Faik Hassan obtient une bourse pour étudier à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, où il est diplômé en peinture en 1938. Il rentre en Irak à la veille de la Seconde Guerre mondiale et devient l’un des premiers enseignants au sein du département de peinture de l’Institut des Beaux-Arts de Bagdad, qu’il dirige de 1939 à 1962. Il y élabore une pédagogie centrée sur l’identité artistique nationale.
À son retour, il fonde plusieurs groupes artistiques majeurs : Al-Ruwwad (« Les Pionniers »), Société Primitive (1947, renommée plus tard Al-Ruwwad en 1950) et Al-Zawiya (« L’Angle », 1962). Ces groupes ont pour ambition de relier les courants artistiques modernes occidentaux aux réalités culturelles, sociales et esthétiques de l’Irak, en puisant dans le patrimoine mésopotamien, islamique et populaire.
Peintre aux styles multiples, Faik Hassan explore l’impressionnisme, le cubisme, l’expressionnisme, l’abstraction et le réalisme expressif. Son œuvre se distingue par une grande maîtrise de la couleur et une volonté constante de fusionner influences européennes et traditions irakiennes. Il affectionne particulièrement les scènes de la vie quotidienne, les paysages, les figures rurales et les tribus nomades comme les Bédouins ou les Arabes des marais du sud de l’Irak.
Hassan incarne un art engagé, souvent marqué par des préoccupations sociales et politiques. En 1958, il est chargé par le Premier ministre Abdel Karim Qāsim de réaliser une fresque commémorative de la révolution du 14 juillet. Cette œuvre monumentale en mosaïque de style cubiste, célébrant le peuple et la liberté, orne toujours la place al-Tayeran à Bagdad.
Parmi ses œuvres emblématiques figurent La Tente (1956), représentant une scène intime bédouine avec une palette chaude et structurée, et Masgouf (1976), qui mêle réalisme et expressivité dans une scène culinaire au bord du Tigre.
L’amour et la sensualité féminine traversent également son œuvre. Le portrait de Jacqueline, son amour parisien perdu, en est un exemple poignant. Il épouse plus tard Suzanne Côtier, avec qui il s’installe à Bagdad, bien que leur relation affecte ses liens avec son cercle artistique.
Faik Hassan s’éteint à Paris en 1992. Son corps est incinéré, et ses cendres sont rapportées en Irak. Il laisse derrière lui une œuvre foisonnante et un héritage artistique fondamental dans l’histoire de l’art moderne du monde arabe.