Girolamo Francesco Maria Mazzola, plus connu sous le nom de Parmigianino, est une figure
incontournable de la peinture de la Renaissance italienne et un des grands précurseurs du
maniérisme. Il naît en 1503 à Parme, ville d’Émilie-Romagne située au nord de l’Italie, qui ne
possédait alors aucun artiste majeur capable de rivaliser avec les grandes écoles de
Florence ou de Rome. Issu d’une famille modeste mais cultivée, Parmigianino se distingue
très tôt par une sensibilité artistique exceptionnelle et un talent précoce qui laisse présager
une carrière hors du commun. Ses premiers contacts avec l’art se font probablement dans
l’atelier familial, où il observe et imite les techniques des peintres locaux, affinant ainsi son
œil et sa main dès l’enfance.
Le jeune Parmigianino réalise sa première œuvre importante en 1519, à l’âge de seize ans :
un Baptême du Christ, où se révèle déjà son sens aigu de la composition et sa maîtrise de
la perspective. Dans cette œuvre, on perçoit également une attention particulière aux détails
anatomiques et aux drapés, signes d’une observation minutieuse de la nature et des
modèles antiques.
En 1521, le nord de l’Italie est le théâtre des guerres entre les armées de Charles Quint et
de François Ier. La ville de Parme, menacée, voit la famille de Francesco prendre des
mesures pour protéger le jeune artiste. Il est envoyé à Viadana, où il produit plusieurs
œuvres, que Giorgio Vasari qualifie de dignes d’un « vieux maître », soulignant la maîtrise
étonnante de ses productions malgré son jeune âge. Cette période de déplacement forcé
contribue à élargir son horizon artistique, car il découvre de nouveaux commanditaires et
adapte son style à différents contextes religieux et civils.
En 1522, Correggio s’installe à Parme où son art, d’un pouvoir subjuguant, se déploie dans
de majestueuses compositions plafonnantes qui ornent les églises. Admiratif, Parmigianino
s’enthousiasme pour ce génie dont il ambitionne désormais de surpasser la maîtrise. Si bien
qu’à 20 ans, il connaît déjà un succès fulgurant. Cette influence se retrouve dans ses
premières expérimentations maniéristes, où les formes allongées et l’élégance raffinée des
figures commencent à s’imposer.
En 1523, il est chargé de décorer le boudoir de Paola Gonzaga à Fontanellato, avec la
célèbre fresque Diane et Actéon. L’année suivante, il se rend à Rome, ville qui représente
alors le centre de la création artistique européenne. Il y étudie les antiques, admire
Michel-Ange et Raphaël et rencontre plusieurs figures majeures comme Perino del Vaga,
Sebastiano del Piombo et Rosso Fiorentino. Ses séjours dans les grandes villes artistiques
lui permettent de se forger un réseau influent, qui soutiendra sa carrière tout au long de sa
vie. C’est durant ce séjour qu’il réalise de petits tableaux et portraits maniéristes, dont le
Mariage mystique de sainte Catherine et la monumentale Vision de saint Jérôme, qui
révèlent un maniérisme naissant, caractérisé par des formes allongées et une sophistication
des compositions.
À 21 ans il entreprend de réaliser son autoportrait en se regardant dans un miroir convexe
que l’on retrouvait dans les salons de coiffure de l’époque. Il réalise ainsi Autoportrait au
miroir convexe, premier chef-d’œuvre où se manifeste une maîtrise hors pair de la
perspective. Cette œuvre démontre la capacité de l’artiste à dépasser les conventions
picturales de son temps tout en affirmant sa propre personnalité artistique. Ce portrait illustre
également son goût pour l’illusion optique et sa curiosité pour les effets visuels inattendus,
qui deviendront une signature de son style.
Après le sac de Rome en 1527, Parmigianino se réfugie à Bologne, où il demeure jusqu’en
1530. Durant cette période, il produit plusieurs œuvres majeures, telles que Saint Roch, la
Madone avec sainte Marguerite et la Madone de la rose, ainsi que des portraits raffinés
comme L’Esclave turque. Ses créations bolognaises témoignent d’une maîtrise parfaite de la
lumière et de la couleur, avec un équilibre subtil entre élégance formelle et expressivité
psychologique. Ces créations révèlent l’ampleur de son talent dans le portrait et la peinture
religieuse, où l’expression et la grâce des figures dominent la composition.
En 1530, à l’annonce du départ de Correggio, Parmigianino revient à Parme, où il atteint
l’apogée de son style. Entre 1530 et 1534, il travaille sur la voûte de l’église de la Steccata,
réalisant des fresques remarquables, tout en produisant des portraits exceptionnels, tels que
le Comte et la Comtesse de San Secondo et Antea. Son travail de cette période révèle une
recherche constante de perfection et un raffinement extrême des formes, qui influencera
durablement la peinture italienne et européenne.
Pour échapper aux conflits avec le chapitre de la Steccata, Parmigianino se réfugie ensuite
à Casalmaggiore, où il poursuit ses recherches stylistiques dans des œuvres plus
dépouillées, comme Vierge avec saint Étienne et saint Jean-Baptiste et Lucrèce. C’est là
qu’il meurt prématurément le 24 août 1540, laissant derrière lui une œuvre inachevée; La
Madone au long cou. Cette œuvre posthume symbolise l’aboutissement de ses recherches
maniéristes, alliant élégance, élancement des formes et poésie visuelle.
Son héritage perdure notamment à travers ses dessins, largement diffusés dans les
collections européennes, du Louvre au British Museum, en passant par Chatsworth,
l’Albertina, le Windsor Castle, Parme et Budapest. Parmigianino reste ainsi une figure
emblématique du maniérisme, dont l’influence perdure dans l’art européen
post-Renaissance, tant par la sophistication et l’exploration subtile de la beauté et de la
symbolique. Sa capacité à marier virtuosité technique et sensibilité expressive continue
d’inspirer les artistes et chercheurs en histoire de l’art, qui considèrent ses innovations
comme une étape clé entre Renaissance et maniérisme.