Maher Raief est une figure majeure de l’art moderne égyptien. Fils d’un peintre et petit-fils d’un érudit d’Al-Azhar, il naît dans le quartier de Shoubra au Caire. Diplômé de la Faculté des Beaux-Arts du Caire en 1950, il obtient ensuite une licence de philosophie à l’Université du Caire en 1954, puis un diplôme en arts graphiques à l’Université de Düsseldorf en 1970, avant de décrocher un doctorat en esthétique, art graphique et histoire de l’art à l’Université de Cologne en 1975.
Membre actif du Contemporary Art Group, fondé en 1946 sous l’impulsion de Hussein Youssef Amin, Raief partage la vision d’un art enraciné dans la culture locale et le subconscient collectif. Il s’inscrit dans une mouvance distincte du surréalisme européen, articulant réalisme, symbolisme et héritage populaire pour forger une esthétique moderne proprement égyptienne.
Raief commence sa carrière en explorant des scènes de la vie rurale, avec une charge symbolique forte. Son œuvre Sans titre (la pêcheuse et le filet, 1948), en est un exemple marquant, mêlant pauvreté, agriculture et spiritualité, dans une composition allégorique nourrie par les traditions visuelles de la Vallée du Nil.
Doyen de la Faculté des Beaux-Arts d’Alexandrie en 1960, il poursuit également une carrière internationale : il participe à la Biennale de Venise en 1952, expose à Düsseldorf en 1963 et reçoit le Prix de la Biennale de Lausanne en 1964. 
Son œuvre s’étend de la peinture à l’estampe, en passant par le dessin et le pastel, témoignant d’un intérêt constant pour les techniques et supports variés.
Dans les années 1970, à son retour d’Allemagne, Raief se tourne vers le soufisme, abandonnant progressivement la figuration au profit de formes abstraites, géométriques et calligraphiques. Ses recherches plastiques autour des lettres arabes et des formes circulaires, comme dans Nun-Shin (vers 1980), traduisent une quête spirituelle visant à fusionner esthétique moderne et symbolique mystique. Il milite alors contre le dessin de modèles vivants dans les écoles d’art, prônant une expression artistique inspirée par l’intériorité.
Jusqu’à la fin de sa vie, Maher Raief conjugue engagement intellectuel, exploration formelle et profondeur spirituelle. Ses œuvres figurent aujourd’hui dans de nombreuses collections publiques et privées, notamment au sein du Ramzi et Saeda Dalloul Art Foundation à Beyrouth. À travers ses expérimentations graphiques et son dialogue entre tradition et modernité, il a contribué à redéfinir les contours de l’art contemporain égyptien.
            
               
                    
                         
  