Mohammed Lagzouli est un autodidacte instinctif, qui s’inscrit dans la lignée des peintres dits « naïfs » ou « populaires » du Maroc. Originaire de Fès, il est profondément marqué par l’univers des métiers traditionnels, des tissages, des ateliers, des marchés, qu’il magnifie dans une peinture foisonnante, joyeuse et colorée. Ses compositions ignorent les contraintes de la perspective académique : tout y est raconté frontalement, dans un espace à plat, où les figures sont cernées de noir, presque comme dans des enluminures ou des peintures murales. L’artiste s’attache aux gestes, aux outils, aux matières – tout ce qui fait la noblesse du travail manuel.
Il commence à peindre dans les années 1960, en parallèle de ses activités artisanales, et se fait remarquer par des collectionneurs locaux et européens séduits par l’authenticité et la fraîcheur de son univers. Longtemps resté à l’écart des grands circuits institutionnels et des réseaux des Beaux-Arts marocains, l'artiste est réévaluée à la lumière des débats postcoloniaux et de l’histoire sociale de l’art au Maghreb. Plusieurs de ses œuvres figurent au musée de l’Art brut de Lausanne.