Issu d’une famille d’artisans algéroise d’origine turque, Mohammed Racim naît en 1896 dans la Casbah d’Alger. Dès son plus jeune âge, il s’initie à l’art de l’enluminure et de la miniature dans l’atelier familial, aux côtés de son père et de son oncle. Repéré très tôt pour sa finesse d’exécution, il intègre en 1910 le Cabinet de dessin de l’enseignement professionnel indigène d’Alger, où il se perfectionne dans les arts décoratifs traditionnels.
C’est en 1916 que sa carrière prend un tournant décisif : le peintre orientaliste Étienne Dinet lui confie l’ornementation de La Vie de Mohammed, publié chez Piazza. Ce premier grand projet marque le début d’une collaboration durable avec l’éditeur, pour lequel Racim illustrera ensuite L’Islam sous la cendre, Omar Khayyâm ou encore Les Mille et une nuits. Ces travaux lui assurent une reconnaissance rapide et l’amènent à séjourner à Paris, où il poursuit ses recherches artistiques tout en visitant musées et bibliothèques.
En 1919, une bourse lui permet de découvrir l’Espagne — Grenade et Cordoue en particulier — et d’approfondir son rapport à l’esthétique islamique andalouse. Curieux et érudit, il voyage à Londres, au Caire, à Rome, Vienne ou encore Bucarest, où il étudie les miniatures persanes et indo-musulmanes, qui influenceront durablement son style. Il forge ainsi une œuvre originale mêlant traditions orientales et rigueur académique, empreinte de poésie et d’un souci constant de fidélité historique.
Ses miniatures, d’une grande minutie, évoquent la société algérienne précoloniale avec un sens aigu du détail : architecture, costumes, scènes de la vie quotidienne sont traités avec une précision quasi ethnographique, teintée d’un regard nostalgique sur un passé idéalisé.
Racim expose à Alger, Paris (musée Galliera, galerie Escale), au Caire, à Rome, Vienne et dans les capitales scandinaves. En 1933, il reçoit le Grand Prix artistique de l’Algérie, qui consacre son rôle majeur dans le renouveau de la miniature maghrébine. L’année suivante, il est nommé professeur à l’École des beaux-arts d’Alger, où il forme plusieurs générations d’artistes.
Après l’indépendance, il participe aux grandes expositions algériennes des années 1960, notamment celle du 1er novembre 1963 à Alger, puis celle du musée des arts décoratifs de Paris en 1964. Considéré comme le fondateur de l’école algérienne de miniature, Mohammed Racim meurt tragiquement assassiné à son domicile d’El Biar, avec son épouse, en 1975. Plusieurs de ses œuvres sont alors dérobées.
Ses œuvres sont aujourd’hui conservées dans diverses collections publiques en Algérie, notamment au Musée National des Beaux-Arts d’Alger, ainsi qu’en Europe et au Moyen-Orient. Il demeure une figure emblématique du dialogue entre patrimoine islamique et modernité artistique au XXe siècle.
            
               
                         
         
         
         
        