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SUE & MARE

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Né à Bordeaux en 1875, Louis Süe entre en 1893 aux Beaux-Arts de Paris et étudie l’architecture. Il rêve cependant de devenir peintre et expose dès 1902 avec les Nabis au Salon des Indépendants avant de rencontrer Paul Poiret en 1909, qui l’oriente vers la décoration. Pénétré des évolutions contemporaines des arts décoratifs européens, Süe ambitionne de créer lui aussi une mode nouvelle dans la décoration française. Il ouvre pour cela le magasin "L’Atelier Français" en 1912, année qui est sans doute également celle de sa rencontre avec André Mare (engagé pour sa part chez le beau-frère de Poiret : André Groult). De 10 ans son cadet, Mare est natif d’Argentan (Normandie) et manifesta très tôt un talent certain pour le dessin puis la peinture. Installé à Paris après la mort de son père, il intègre en 1903 l’Ecole des Arts Décoratifs et s’illustre dès 1909 en exposant au Salon d’Automne des reliures d’art d’une grande originalité et des panneaux décoratifs. Fréquentant les mêmes cercles et partageant nombre d’idées sur l’avenir des arts décoratifs, Süe et Mare exposent pour la première fois ensembles en 1913, avec leurs collaborateurs respectifs, sous la bannière de L’Atelier Français. La cohérence des ensembles qu’ils proposent est remarquée par la critique qui souligne : "un signe fort et heureux de réaction contre l’individualisme artistique (…) une preuve que le nouveau style n’est pas né d’un caprice personnel mais d’un vrai besoin de l’esprit et des yeux" . L’arrivée de la Guerre en aout 1914 met malheureusement en pause tous les projets en cours, tandis qu’André Mare et Louis Süe sont mobilisés. Les deux hommes ne perdent cependant ni le contact (ils s’écrivent régulièrement) ni l’envie de mettre en commun leurs idées et leurs talents. De retour à la vie civile, ils s’associent donc pour fonder en 1919 La Compagnie des Arts Français, entreprise dont ils explicitent en 1921 l’ambition : "Nous voudrions que n’importe quel beau meuble d’autrefois fût chez lui parmi nos meubles, qu’il y fût reçu comme un aïeul et non pas comme un intrus." Pour ce faire, Süe et Mare entendent transcender l'effort individuel et l'intensité du sentiment national d’après-guerre pour réaliser une œuvre moderne collective et cohérente. Afin de réaliser cet objectif, La Compagnie des Arts Français inaugure une collaboration méthodique entre ses membres, organisation d’autant plus nécessaire que la pénurie de matières premières et de main-d’œuvre qualifiée impose d’éviter tout gaspillage et toute dispersion d'efforts. Il s’agit également de complaire aux goûts naissant de la nouvelle bourgeoisie, qui remplace celle de la "Belle Epoque" et à qui il convient de proposer du mobilier neuf pour réenchanter leurs propriétés sinistrées. L’idée la plus originale de La Compagnie des Arts Français se fait alors jour : se référer fermement à la tradition mobilière et décorative française tout en lui apportant une interprétation neuve et personnelle. Ce faisant, les ensembles et créations de Süe et Mare seront compatibles avec l’héritage des styles anciens tout en leurs apportant la verve nouvelle de la modernité française. Ils proposeront en ce sens une gamme de modèles à même de composer des ensembles évolutifs assortis par des détails d’ornements ou de structures. Cette homogénéité est encore renforcée par la cohérence d’un travail d’équipe pour couvrir méthodiquement l’ensemble des arts décoratifs : mobilier, céramiques, serrurerie, papiers-peints et tissus d’ameublements. Illustrant ce mariage de créativité et d’exigence, les stands de la Compagnie au Salon d’Automne de 1921 et à celui des Artistes Décorateurs l’année suivante sont remarquées et aboutissent en plusieurs commandes honorifiques comme l’aménagement de l’Ambassade de France à Washington ou de cabines de luxe pour le paquebot Paris de la Compagnie générale Transatlantique. En 1923, La Compagnie des Arts Français a 3 ans d’existence et doit faire un choix stratégique définitif dans l’optique de l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes de 1925. Süe et Mare feront le choix de l’actionnariat pour soutenir une production à destination de la bourgeoisie d’affaire et de l’élite culturelle qui sont la clientèle privilégiée des grands décorateurs contemporains (Ruhlmann en tête). L’Exposition doit en effet assoir leur réputation et légitimer leur philosophie aussi La Compagnie des Arts Français mettra les bouchées doubles pour présenter un vaste éventail de ses réalisations et de sa volonté : poursuivre sans les pasticher les styles anciens afin de les concilier avec les goûts et besoins particuliers de leur temps. Ce désir de création d’un style moderne et purement français aboutira en une des expressions stylistiques les plus affirmées de l’Exposition : formes enveloppantes, courbes puissantes, riches placages de palissandre ou d'ébène que ponctuent des ornements réalisés dans les matériaux les plus luxueux (émail, laque, nacre, bronze) en un décor somptueux et coloré. Variées mais faisant toujours montre d’un raffinement somptuaire, ces créations obtiennent à Süe et Mare un palmarès remarquable : hors concours pour l’ensemble des membres de la Compagnie, Grand Prix du mobilier pour André Mare, diplôme d’honneur pour ce dernier et pour Louis Süe ainsi qu’un autre diplôme d’honneur pour la Compagnie en arts du métal. L’étendue, l’excellence et la variété de la participation de la Compagnie des Arts Français à l’Exposition leur vaut une activité riche et florissante dans les années qui suivront avec, entre autres, les décorations de la maison de couture et de l’appartement parisien de Jean Patou, qui confie également le design de ses flacons de parfum à Louis Süe. La Compagnie se verra également commander de nombreux aménagements privés, ainsi que la décoration du Grand Salon des premières classes du paquebot Ile-de-France, qui sera achevée en 1927. L’année suivante, en 1928, Süe et Mare terminent leur dernier chantier commun : l’aménagement de l'hôtel particulier de Jane Renouardt à Saint-Cloud. Cette même année, la Compagnie des Arts Français n’étant que peu rentable et Sûe et Mare actionnaires non-majoritaires de leur propre société, cette dernière sera cédée aux Galeries Lafayette et sa direction à Jacques Adnet. Si l’activité commune de Süe et Mare au sein de la Compagnie des Arts Français n’aura duré que quelques années, cette trajectoire éclaire est de celles dont les créations ont touché et influencé tous les domaines des arts décoratifs. Une magnifique expérience collective qu’un critique résumera ainsi : "La Compagnie des Arts Français où s'élaborait, avec des projets d'édifices, tout l’appareil mobilier nécessaire à compléter une architecture moderne, avait pour devise "Evolution dans la tradition." C'était tout un manifeste en deux mots. Et, de fait, on peut considérer [qu’elle] fût vraiment, à cette époque, le centre le plus actif, et surtout le plus caractérisé dans sa production, de ce qu'on a pu appeler l'école des néo-styles".

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Nos résultats de ventes “SUE & MARE”

Adjugé à 11 000 €

Vendu le 2025/04/30

Louis SUE (1875 - 1968) & André MARE (1885 - 1932)

Lot 164

Adjugé à 29 000 €

Vendu le 2025/04/30

Louis SUE (1875 - 1968) & André MARE (1885 - 1932)

Modèle 3011
Lot 165

Adjugé à 60 000 €

Vendu le 2025/04/30

Louis SÜE (1875 - 1968) & André MARE (1885 - 1932)

Lot 166

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