Serwan Baran est un artiste irakien né à Bagdad en 1968.
Diplômé des Beaux-Arts de l’Université de Babylone à Hillah en Irak en 1992, il a ensuite enseigné pendant sept ans à l’Université de Bagdad. Il a été marqué très tôt par les vestiges historiques et mythologiques qui entouraient son univers, notamment les ruines de Babylone et de Nimrud, lieux qui nourrissent durablement son imaginaire pictural.
Artiste profondément influencé par l’histoire et les traumatismes de l’Irak moderne, Baran a développé une œuvre engagée et introspective, centrée sur la condition humaine, la guerre, l’enfermement, la solitude et le pouvoir. Il a lui-même connu l’expérience du front et de la captivité, ce qui teinte son œuvre d’une densité émotionnelle singulière. Dans les années 1990, ses tableaux mêlent réalisme et expressionnisme, illustrant des scènes de la vie populaire irakienne : fêtes rurales, souks, bergers, figures militaires ou anonymes marquées par la fatigue du quotidien.
Son style évolue ensuite vers une peinture plus gestuelle, dominée par l’acrylique, et où dominent les lignes fluides, les corps en fusion, les couleurs ocres et contrastées. L’artiste intègre dans ses compositions des éléments critiques forts, notamment l’utilisation des chiffres pour symboliser la déshumanisation des individus par les systèmes autoritaires.
Après avoir participé à l’Académie d’Ayloul en 2001 en Jordanie sous la direction de Marwan Kassab-Bachi, Baran poursuit son parcours artistique entre la Jordanie, la Syrie et le Liban, où il s’installe. Il développe une œuvre figurative puissante, parfois abstraite, marquée par une tension constante entre violence et beauté, douleur et poésie. Ses expositions les plus récentes, Living on the Edge (2013), Canines (2018), A Harsh Beauty (2020) ; témoignent d’une peinture crue, émotionnelle, expressive, profondément humaine.
Baran a représenté l’Irak à la 58e Biennale de Venise avec le pavillon Fatherland en 2019, et ses œuvres sont présentes dans de nombreuses collections privées internationales, notamment la Fondation Dalloul et la collection Ibrahimi. Membre actif de plusieurs associations artistiques (AIAP, Association nationale des Beaux-Arts irakiens), il est aujourd’hui reconnu comme l’un des artistes contemporains majeurs du monde arabe.