Vous possédez une céramique Art Nouveau et désirez connaître sa valeur en vente aux enchères ?
Nos commissaires-priseurs et experts en Arts Décoratifs vous donnent quelques pistes pour en savoir davantage sur votre objet et pour connaître sa valeur sur le marché de l’art.
La céramique Art Nouveau
En France, l’Art nouveau émerge au début des années 1890. Il s’agit d’un art total qui touche principalement l’architecture et les objets décoratifs, comme la céramique. La promotion de l’Art nouveau est assurée par le marchand Samuel Bing qui ouvre un magasin à Paris en 1895. L’école de Nancy, présidée par le verrier Émile Gallé et représentée par les frères Daum et Ernest Bussière, est un véritable laboratoire de l’Art nouveau.
A la fin du siècle, certains artistes réagissent contre l'impersonnalité de la fabrication industrielle et cherchent à sortir des sentiers battus pour réhabiliter l'œuvre d'art et l’artisanat. Ce phénomène prend toute sa dimension à Vallauris, l’un des foyers de la céramique moderne, notamment à travers le travail de la famille Massier.
La sculpture céramique connaît à cette époque un succès fulgurant. Des liens s’établissent entre céramistes et sculpteurs tandis que de grandes manufactures entreprennent l’édition de sculptures contemporaines. Nous pouvons, par exemple, citer Agathon Léonard et sa sculpture en biscuit, Danseuse au tambourin, réalisée à la Manufacture de Sèvres en 1909.
Après la Grande Guerre, l’Art nouveau cède sa place au style Art Déco qui, dans les années 1920, promet un retour au classicisme.
Les sources d’inspiration
Source d’inspiration principale, la nature est représentée à travers des motifs animaliers et végétaux. Ce thème peut aussi bien être peint ou modelé sur des formes traditionnelles, que donner sa forme à l’objet, ainsi des vases « coloquintes », « crocus » ou « fenouil » apparaissent. Émile Gallé exécute notamment des vases en faïence en forme et à décor de fleurs.
La plupart des céramistes affirment une prédilection pour les grès. Les œuvres de Dalpayrat, de tonalité rougeâtre, ont des formes souvent étranges autour desquelles s'enroulent des éléments naturels. D'autres artistes comme Delaherche et Bigot s'attachent davantage aux formes simples et aux effets de cuisson des émaux de grand feu.
Sous l’influence de la céramique d’Extrême-Orient, les artistes privilégient les effets de matière et la beauté intrinsèque du matériau. Les céramiques adoptent des lignes organiques et asymétriques, des courbes et des arabesques. Les accidents de cuisson, les effets de flammes et les coulures d’émail forment des décors typiques de l’Art Nouveau. Les artistes s’intéressent à la beauté de la matière et de l’émaillage et se détachent des décors figuratifs si chers aux siècles précédents.
5 céramistes Art Nouveau les plus connus
Estimez le prix d’une céramique Art Nouveau
1. L'état de conservation constitue, de nos jours, l'élément primordial pour la détermination des prix. Selon l'état de conservation, le prix peut facilement varier pour des exemplaires similaires.
Une gourde en céramique émaillée de Louis Majorelle atteint normalement 2 500 ou 5 000 euros lorsqu'il est en parfait état de conservation tandis qu'un exemplaire similaire, en médiocre état, se vend aux alentours de 150 à 300 euros ou même moins cher. Aussi les catalogues de ventes précisent-ils toujours l'état de conservation.
2. Le degré de rareté constitue l'autre élément prépondérant. Certains tirages ou pièces uniques de vases, horloges, coupes, bols, statuettes, soliflores, assiettes, pichets ou plats sont très recherchés. Parmi les céramiques les plus rares citons le vase « Aux éléphants » - circa 1897-1898 - en céramique émaillée beige, rouge sang-de-boeuf et gris de Pierre-Adrien Dalpayrat adjugé 40 000 euros. Ces prix s'appliquent à des pièces bien conservées. En céramique, les notions de rareté et d'état de conservation sont indissociables.
3. La beauté du style et le sujet représenté jouent un rôle non négligeable dans la détermination du prix. Il est, en effet, apparu depuis quelques années une nouvelle classe de collectionneurs de céramiques Art Nouveau, qui attachent une grande importance à l'intérêt esthétique des pièces. Ils apprécient particulièrement, par exemple, les animaux aquatiques et insectes, les corps féminins, les éléments botaniques et volatiles. En ce qui concerne les types, on peut signaler que les sujets exotiques bénéficient d'une grande faveur.
4. Le matériau qui constitue la pièce peut avoir une influence sur la côte : la plupart des céramiques sont en faïence stannifère ou fine, en grès ou en porcelaine tendre ou dure.
5. Les objets signés par de grands noms de l’Art Nouveau ont toutes leurs chances de réaliser des prix d’achat importants. Tel est le cas d'Emile Gallé, tant pour les modèles uniques que pour les éditions, mais aussi d’Hector Guimard et Louis Majorelle.
Dans les années 1950 et 1960, plusieurs artistes se distinguent par ce médium y apposent un regard singulier. Citons par exemple Pierre-Adrian Dalpayrat qui a su maîtriser la technique du grès et donné son nom au “rouge Dalpayrat”. Antoine Delaherche reçut en 1887, à l’exposition des Arts Décoratifs de Paris, une première médaille d’or, puis une seconde, lors de l’Exposition Universelle de 1889. Certaines de ses œuvres sont dans les collections du musée d’Orsay.
Tous ces éléments sont cruciaux dans l’établissement de la valeur d’une céramique Art Nouveau. Il est donc nécessaire de procéder à une expertise afin d’en donner l’estimation la plus juste.
Le marché des céramiques Art Nouveau : prix et côte
Depuis des siècles, la céramique fait partie de notre quotidien, à la fois pour remplir nos besoins fonctionnels comme nos envies esthétiques. Aujourd’hui, elle représente un secteur dynamique du marché de l’art dans lequel les commissaires-priseurs jouent un rôle majeur.
En 2020, des céramiques Art Nouveau provenant de la collection du galeriste new-yorkais Jason Jacques passent aux enchères. Il s’agit d’une trentaine d’œuvres représentatives de la céramique française de la fin du XXème siècle, avec des formes végétales et naturelles ainsi que de nouvelles techniques pionnières en grès et en faïence qui. La vente aux enchères « Arts du Feu » présente des œuvres majeures des céramistes Pierre-Adrien Dalpayrat, Ernest Chaplet, Edmond Lachenal, Ernest Bussière, Henri de Vallombreuse et Taxile Doat.
L’exposition au musée de la Céramique de Rouen, Émile Gallé, alchimiste de la terre et du verre, ainsi que la réflexion de Sylvain Amic, directeur des musées de la ville normande, « Qui se souvient aujourd’hui qu’Émile Gallé était également céramiste ? », permettent un regain d’intérêt pour l’art de la céramique.
De plus, la collection de céramique art nouveau du sénateur Paulin Daudé (1862-1928) atteint de beaux prix aux enchères. Une importante jardinière en grès à couverte, émaillée vert et noir nuancés de rouge sang de bœuf, à décor en haut relief d’un crabe parmi les algues et les rochers réalisée vers 1900 par Pierre-Adrien Dalpayrat (1844-1910), est adjugé à 71 500 euros. Un grand vase couvert de forme ovoïde sur piédouche en porcelaine de Paris, peint d’une nymphe et d’angelots et monté en bronze doré atteint les 58 500 euros et dépasse largement l’estimation initiale.
Cinq records aux enchères MILLON
- Clément MASSIER (1844-1917), cache-pot en céramique à décor couvrant de serpents enlacés sur fond de végétation, adjugé à Paris en 2021 à 11 000 euros.
- Pierre-Adrien DALPAYRAT (1844-1910), "La mer", circa 1900. Importante jardinière en grès à couverte émaillée vendue à Paris en 2021 à 55 000 euros.
- Sándor APATI ABT (1870-1916) pour la Manufacture Vilmos ZSOLNAY (1828-1900), "Pan", 1900. Un vase en faïence blanche moulée adjugé à Paris en 2022 à 24 000 euros.
- Émile GALLE (1846 - 1904), Chouette, sculpture zoomorphe en faïence émaillée, adjugée à Paris en 2021 à 8 000 euros.
- Paul JEANNENEY (1861 - 1920) et PRUD'HOMME, vase sculptural en grès de 1904 adjugé 18 000 euros en 2021 à Paris.
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