Ali Akbar Sadeghi (né en 1937 à Téhéran) est une figure majeure de l’art moderne et contemporain iranien. Artiste prolifique et visionnaire, il a exploré de nombreux champs de la création : peinture, illustration, graphisme, animation et design , influençant durablement plusieurs générations d’artistes iraniens. Considéré comme l’un des créateurs les plus accomplis de sa génération, il a participé à plus de cinquante expositions individuelles et collectives en Iran et à l’étranger, et ses œuvres figurent dans des collections prestigieuses telles que celles du British Museum et du Los Angeles County Museum of Art (LACMA). En 2009, le ministère iranien de la Culture l’a honoré pour l’ensemble de sa carrière et sa contribution exceptionnelle à l’art et à la culture du pays.
Dès son enfance, Sadeghi manifeste une passion pour les objets faits main et les arts visuels. Il expérimente très jeune divers outils dans l’atelier de son père et reçoit sa première commande de peinture à l’âge de quinze ans, en 1952. Parallèlement, il s’intéresse au théâtre et conçoit la scénographie et les maquillages des spectacles de son école.
Après le lycée, il enseigne la peinture avant d’intégrer en 1958 la faculté des Beaux-Arts de l’Université de Téhéran, dont il est diplômé en 1969. Ses premières œuvres, réalisées à l’aquarelle, laissent rapidement place à l’huile et au dessin, techniques dans lesquelles il développe un style singulier inspiré de la peinture du Café (Qahveh Khaneh), de l’iconographie iranienne traditionnelle et du portrait qajar, tout en intégrant une sensibilité surréaliste et l’esthétique du vitrail.
Dans les années 1950 et 1960, Sadeghi travaille comme illustrateur et graphiste pour plusieurs journaux et magazines iraniens. En 1970, il rejoint le Centre pour le Développement Intellectuel des Enfants et des Jeunes (Kanoon), où il participe à la fondation du département du film et de l’animation. La même année, il illustre le livre Le Héros des champions, couronné du premier prix de la meilleure illustration d’Asie. Ses animations, empreintes de mythes persans et de symbolisme, ont remporté de nombreux prix internationaux et l’ont imposé comme l’un des pionniers de l’animation iranienne.
En 1977, Ali Akbar Sadeghi cesse de produire des films pour se consacrer entièrement à la peinture. Son œuvre picturale, marquée par un surréalisme iranien profondément enraciné dans les mythes, les récits épiques du Shahnameh et la culture populaire, s’impose rapidement.
Dans ses tableaux, souvent monumentaux, les héros mythologiques en armure, figés dans des postures de tension et d’introspection, deviennent des métaphores de la condition humaine. Les couleurs intenses, la minutie du dessin et la complexité narrative rappellent à la fois la miniature persane et la peinture du Café. L’artiste y met souvent en scène son propre visage, transformant ses œuvres en autoportraits allégoriques, où se mêlent ironie, mélancolie et sagesse.
Après la Révolution iranienne, il poursuit sa recherche picturale avec une grande intensité. En 1989, il fonde la Galerie Sabz à Téhéran, espace indépendant dédié à la promotion de la peinture iranienne contemporaine, qu’il dirige jusqu’en 2003.
Le style d’Ali Akbar Sadeghi, qualifié souvent de surréalisme persan, combine symbolisme, mythologie et tradition picturale nationale dans une forme contemporaine. Son univers, peuplé de chevaliers, de rois solaires, de guerriers blessés ou immobiles, traduit une réflexion sur la gloire, la vanité et la vulnérabilité humaine. Ses compositions, d’une grande précision formelle, révèlent un sens aigu du rythme et de la mise en scène. L’artiste y explore le conflit intérieur entre la force héroïque et la fragilité du destin, tout en maintenant un équilibre entre rêve et réalité.
Ali Akbar Sadeghi a siégé dans les jurys de plus de dix biennales internationales et a reçu de nombreuses distinctions pour ses animations et ses dessins. Aujourd’hui encore, il demeure une référence incontournable de l’art iranien, célébré pour son rôle dans la redéfinition de l’esthétique visuelle de l’Iran contemporain et pour la richesse poétique et mythologique de son univers créatif.