Michel Basbous, sculpteur et dessinateur libanais, est né en 1921 dans le village de Rachana, au nord du Liban. Figure majeure de la sculpture moderniste au Moyen-Orient, il a su marier les formes naturelles et les matériaux traditionnels à une esthétique contemporaine profondément enracinée dans sa terre natale.
Issu d’une famille d’artistes, son père, prêtre, était également peintre et calligraphe, Basbous manifeste dès l’enfance un intérêt pour la matière et le geste sculptural, façonnant le bois et la pierre bien avant d’entreprendre des études formelles.
Après une première formation à l’Académie libanaise des beaux-arts (ALBA), il obtient une bourse du gouvernement libanais qui lui permet de poursuivre ses études à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris entre 1945 et 1949. Il y découvre les courants modernes européens et affine son langage plastique. En 1954, il retourne à Paris pour travailler dans l’atelier du sculpteur Ossip Zadkine (1890–1967), dont l’influence cubiste et l’attention à la matière marqueront durablement son œuvre.
De retour au Liban, Michel Basbous est nommé professeur de sculpture à l’Université américaine de Beyrouth en 1957. L’année suivante, il retourne dans son village natal, Rachana, où il fonde un vaste atelier en plein air, bientôt transformé en parc de sculptures. Ce lieu devient un centre artistique unique, surnommé plus tard le « village-musée », attirant artistes, visiteurs et amateurs d’art du monde entier. Avec ses frères Alfred (1924–2006) et Joseph (1929–2001), également sculpteurs, il fait de Rachana un haut lieu de création et d’échanges culturels.
Le travail de Michel Basbous se caractérise par un dialogue intime avec la nature. Qu’il travaille le bois, le marbre, le bronze ou des objets recyclés, l’artiste laisse souvent la matière guider sa main : les veines d’une pierre ou les fibres d’un tronc déterminent les lignes de ses compositions. Ses sculptures, souvent verticales et épurées, traduisent une quête de spiritualité et d’élévation, exprimant à la fois la force et la fragilité de l’humain.
Basbous intègre pleinement ses œuvres à leur environnement, créant des formes conçues pour dialoguer avec la lumière, le vent et le paysage. Cette approche, à la croisée de l’art et de la nature, anticipe la sensibilité écologique et environnementale de la sculpture contemporaine.
Michel Basbous meurt à Rachana en 1981. Son œuvre, à la croisée du modernisme et des traditions méditerranéennes, demeure un pilier de la sculpture libanaise contemporaine. Par son engagement, il a contribué à ancrer la modernité artistique dans le paysage culturel du Liban, tout en donnant naissance à un lieu, Rachana, devenu symbole de créativité, de liberté et de dialogue entre art et nature.