Nos experts vous dévoilent les secrets du panneau en triptyque d'André Jerzy Mniszech, provenant de la famille du peintre...
ANDRÉ JERZY MNISZECH (WISCHNOWITZ 1823 -1905 PARIS)
Autoportrait de ANDRÉ JERZY MNISZECH
Panneau d'acajou, une planche, non parqueté
50,5 x 35 cm.
Signé à gauche du monogramme MM et daté 18-89 (?) Se ipse fec
En 1854, André Mniszech quitte la Pologne dont il est originaire et s'installe à Paris où il devient alors un portraitiste recherché. Il bénéficie du soutien de son maître, le peintre Jean Gigoux et surtout de l'importante colonie polonaise émigrée en France. Mniszech exécute principalement des oeuvres de commande pour ses amis et compatriotes immigrés, ce qui lui permet de connaître une grande aisance financière et de constituer ainsi une belle collection d'oeuvres d'art dont les ventes, en 1902 et 1910, marquèrent les esprits.
PROVENANCE :
Dans la famille de l'artiste depuis l'origine et par descendance aux propriétaires actuels.
Portrait d'Hendrick Clootens, taillleur par ANDRÉ JERZY MNISZECH
Panneaux en triptyque
150 x 112 cm et 150 x 57 cm pour les volets
Monogrammé sur le panneau principal et daté 1887 et sur les volets 1888
Ce spectaculaire triptyque, peint par le comte Andrej-Jerzy Mniszech, peintre d'origine polonaise installé à Paris dès 1852, représente un tailleur-bottier dénommé Hendrick Clootens. Fièrement campé et richement vêtu à la mode hollandaise du XVIIe siècle, il occupe le panneau central, entouré de part et d'autre des outils et attributs de sa double profession. Au dos des volets latéraux, les deux enseignes peintes qui indiquent son nom et son métier dominent un paysage urbain aux cheminées fumantes, symboles du développement industriel et commercial auquel Hendrick Clootens dut sa prospérité.
En 1883, cinq ans avant notre triptyque, Mniszech avait peint un Portrait de Henryk Clootens (musée national, Varsovie). La dédicace figurant sur ce portrait : Henricus Clootens civis Bruxellensis, sartor atque sutor celeberrimus, natus 1584 - obiit 1662, resurrexit 1839, ad vivum pinxit 1883, nous apprend que le modèle de notre triptyque était un célèbre tailleur-bottier vivant au XVIIe siècle à Bruxelles, et que le portrait de 1883 représente un descendant (ou simple homonyme ?) probablement tailleur-bottier lui aussi, et contemporain de Mniszech.
Le triptyque montre tout le talent de Mniszech à saisir la personnalité d'un modèle, qu'elle soit réelle ou bien imaginée, comme c'est le cas ici. La respectabilité d'Hendrick Clootens est mise en valeur par une gamme de couleurs restreintes sur le vêtement et l'arrière plan, tandis que sa jovialité apparait sur le visage pleinement éclairé, qui révèle également la satisfaction du tailleur-bottier devenu notable.
La présence sur les volets latéraux des deux natures mortes confère au portrait monumentalité et dynamisme. La somptuosité des tissus, l'intensité des couleurs, la beauté et la finesse des détails donnent une forte présence visuelle à ce portrait plein d'énergie et de panache.
L'œuvre est caractéristique du travail d'Andrej-Jerzy Mniszech, grand admirateur des portraitistes hollandais du XVIIe siècle, surtout Frans Hals. Artiste original, passionné par les costumes, les décors et les mises en scène, Mniszech n'hésitait pas à vêtir ses modèles à la mode hollandaise du XVIIe siècle, ou, plus tard, à la japonaise, et à entourer ses compositions de motifs décoratifs.
Il a ici utilisé le triptyque, format peu habituel au XIXe siècle (sauf pour les sujets religieux) qui lui permettait d'exprimer le mieux possible la personnalité et le statut social d'Hendrick Clootens. Mniszech a plusieurs fois repris ce format, notamment dans le portrait d'un orfèvre entouré de ses outils et objets d'orfèvrerie, d'une composition très proche du nôtre, qui lui valut une médaille de bronze à l'exposition de Lwow en 1894.
L'historique de ce tableau n'est pas connu, mais il n'est pas impossible que le commanditaire ait été le jeune Henryk Clootens peint par Mniszech en 1883. Satisfait de son portrait, il en aurait commandé un second à Mniszech, beaucoup plus ambitieux, qui serait un hommage à son illustre prédécesseur et homonyme.
PROVENANCE :
Dans la famille du peintre André Mniszech depuis l'origine et par descendance aux propriétaires actuels